chante. Une fois seulement, et c’est le jour. L’Alsace ? Nous n’avons à la renier qu’une fois.
Matinée longue. Je suis désigné officiellement pour acheter l’ail, les oignons et les échalottes du bataillon, car les légumes ont des noms vraiment trop compliqués. À huit heures, ordre de préparation au départ. Nous avons quatre heures d’attente, sac au dos, l’arme au pied. Le réveille-matin de Clam sonne dans son sac, un revolver part derrière nous, les officiers s’énervent et m’interdisent de me débarrasser de mes oignons. Il m’en reste cinquante bottes, que je passe finalement à la même compagnie. À midi, la division se décide à nous envoyer le papier du départ.
Le ciel aussi a pris une décision. Il sera bleu dix minutes et brouillé les dix minutes suivantes. Les nuages, au lieu de ressembler à l’Asie, à l’Angleterre, imiteront des camarades à nous ; voici Bernard avec sa barbe, voici le lieutenant Pattin avec son œil en tirelire. Nous suivons un chemin de vallon, et nous en sommes désolés, car les grand’routes seules mènent aux villes. Il paraît cependant que nous allons sur Fribourg. Le régiment tourne, serpente, de sorte que nous le voyons