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RETOUR D’ALSACE

donne pour la première fois l’impression d’être en Alsace, alors que justement nous n’en voyons rien, que le ciel où passent bientôt, par photos uniques, les femmes des autres sergents, avec des chiens et des enfants qui leur appartiennent.

À six heures, départ pour Spechbach-le-Haut. Nous commençons une manœuvre d’encerclement autour du malheureux Enschingen. Mulhouse a donné moins de mal : Nous apprenons qu’elle est à nous et qu’on a pris sur la gauche vingt-quatre canons et huit cents Badois. Nous réclamons du capitaine Perret, qui a un Joanne, de nous lire la page de Mulhouse. Toute la compagnie écoute : la gare est petite, noire, incommode, et fait contraste avec le somptueux hôtel des Postes. Mais il y a 93.000 habitants. Mais, assure Joanne, les institutions de prévoyance y ont reçu le plus grand développement ; la Pierre des Bavards est déjà retenue pour Jalicot. Nous voudrions entendre aussi la page de Fribourg, car c’est sur Fribourg, paraît-il, que nous allons. Mais Fribourg n’est pas en Alsace, malgré les affirmations de ceux qui confondent avec le Fribourg de la Suisse.

Marche sans autre incident que l’arrestation de Babette Hermann, dix-huit ans, qui est allée se faire arracher une dent à Bernwiller, qui a voulu revenir chez elle, malgré la bataille, tant la sœur