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ment de leur gousset. Et soudain les voilà qui clament, lançant leur cou et le ramenant en piston de trombone à coulisse, sans ensemble et sans mesure, car ce n’est qu’une répétition. Le chat tourne les oreilles, les contemple avec les yeux d’un pêcheur à la ligne pour les canotiers qui rament sur sa rive, affecte de ne pouvoir les dédaigner son saoul, puis repart, d’un pas dégagé, nouant sa queue pour se rappeler qu’il rage, la traînant bas sur les trèfles, jusqu’au moment où un chardon l’agrippe. Alors il bondit et disparaît. Je me mets à rire.

— Pauvre petit, demande Estelle, tu tousses ?

Les sons s’étaient accumulés sur son oreille, et elle n’entendait maintenant que le premier arrivé. Mais les autres s’engouffrèrent, à la file.

— Bêtes d’oies, dit-elle, et toi, saint nigaud, qu’as-tu à pouffer ?

J’en étais sûr. Elle se penche, me prend dans ses bras, et peut-être croit-elle n’avoir ramassé que son tricot, car ses mains font navette de mes cheveux à mon menton, de mes genoux à mes chevilles, tissant autour de moi je ne sais quel filet. Il n’y a pas à se débattre. Il n’y a pas à ne pas s’assoupir. Je me sens trop las même pour