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qui le lira », et, déconcertée, elle refrappa, mais en souhaitant que la femme de ménage fût absente. Elle l’était. Ce fut l’agent voyer lui-même qui ouvrit, et si soudainement qu’elles eurent peur. Il sourit et les introduisit dans son bureau. La cadette prit les devants ; la large chouette étalée sur son chapeau couvait des pensées malicieuses.

— Nous ne nous assiérons pas, dit-elle. Pardonnez à deux vieilles filles, qui ne savent pas farder la vérité. Nous ne nous assiérons pas.

Il répondit, toujours souriant :

— Mademoiselle votre sœur s’assiéra. Ce fauteuil lui tend les bras. Je me permettrai également de déboucher cette bouteille de limonade.

La cadette devint offensante :

— Mademoiselle ma sœur s’assiéra si elle veut. Elle boira votre limonade, si elle y tient, pour vous faire plaisir, et bien qu’elle sache ce que la limonade lui réserve. Pour moi je n’ai qu’un mot à vous dire : vos assiduités ont compromis Coco Rebecque, notre cousine. Vous lui devez de cesser une vie d’inconduite.

L’agent voyer la fixait, ahuri, et répliqua, grossier à dessein :