Page:Giraudoux - Provinciales.djvu/120

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


II


Le lundi vint, le lundi timide, qui s’excuse en montrant derrière lui les jours innombrables qui le poussent. Une pluie discrète tombait tout le matin, nettoyant la terre pour le reste de la semaine ; les repas semblaient si proches, qu’on ne remplissait pas à nouveau la carafe. Jean sentait que le mercredi était encore trop loin pour en être triste ou pour en être heureux, et il se promenait sans hâte dans ce jour mesquin et gris qui s’ajoute au dimanche, sans l’allonger, — silencieux et docile, de la cuisine au bureau, portant son cœur comme un paquet bien ficelé qu’on saura défaire à sa guise.

Mais le mardi éveilla la campagne, le forgeron, le soleil. Tous se levèrent, affairés et bien résolus à vivre. Les oiseaux seuls chantaient. Jean descendit de sa mansarde sans être débarbouillé,