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LE PETIT DUC


I


C’était un de ces bureaux d’octroi de petit canton qui se sont réfugiés au centre du bourg, par peur des contrebandiers et qui déconcertent les fraudeurs par leurs glycines et leurs jasmins, comme des percepteurs souriants. Le soleil se couchait à sa droite, mais entre eux s’étalait l’église, conciliante, avec son Christ nu, au flanc percé d’un trou où les moineaux nichaient, avec le saint Roch couvert d’araignées qui fournissaient de fils de la Vierge toute la paroisse. Des noces en descendaient parfois, qui venaient peser la mariée à la bascule ; des parrains s’amusaient, aux baptêmes, à déclarer le nourrisson qui n’osait plus téter sa langue salée. Puis voilà les chasseurs déballant les lièvres sous la pluie qui fume ; les carrioles, dont les ânes s’arrêtent par habitude, même si les panières sont vides ; les poules pondeuses du bourg qui sortent et