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ONDINE

LE CHEVALIER

Où veux-tu en venir ? Que je la demande en mariage au lac ?

AUGUSTE

Ne plaisantez pas !

LE CHEVALIER

Que tous les lacs du monde soient mes beaux-pères, les fleuves mes belles-mères, j’accepte avec joie ! Je suis très bien avec la nature.

AUGUSTE

Méfiez-vous ! C’est vrai que la nature n’aime pas se mettre en colère contre l’homme. Elle a un préjugé en sa faveur. Quelque chose en lui l’achète ou l’amuse. Elle est fière d’une belle maison, d’une belle barque, comme un chien de son collier. Elle tolère de sa part ce qu’elle n’admet d’aucune autre espèce, et les autres êtres subissent le même chantage. Tout ce qu’il y a de venin et de poison dans les fleurs et les reptiles, à l’approche de l’homme, s’enfuit vers l’ombre ou se dénonce par sa couleur même. Mais s’il a déplu une fois à la nature, il est perdu !

LE CHEVALIER

Et je lui déplairais en épousant Ondine ? Vous ne lui avez pas déplu, vous, en l’adoptant ? Donnez-moi Ondine, mes amis !