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JEAN GIRAUDOUX

tres, ma pendule, mes meubles. C’est que je les ai fait jeter dans le fleuve. Ils y ont leur place, leur étage. Je n’ai plus l’habitude. Je les trouve instables, flottants… Mais ce soir, hélas, ils me paraîtront aussi fixes et sûrs que le sont pour moi les remous ou les courants. Je ne saurai au juste ce qu’ils veulent dire, mais je vivrai autour d’eux. Ce sera bien extraordinaire si je ne me sers pas d’eux, si je n’ai pas l’idée de m’asseoir dans le fauteuil, d’allumer le feu du Rhin aux candélabres. De me regarder dans les glaces… Parfois la pendule sonnera… Éternelle, j’écouterai l’heure… J’aurai notre chambre au fond des eaux.

HANS

Merci, Ondine.

ONDINE

Ainsi, séparés par l’oubli, la mort, les âges, les races, nous nous entendrons bien, nous nous serons fidèles.

LA PREMIÈRE VOIX

Ondine !

HANS

Ils te réclament !

ONDINE

Ils doivent m’appeler trois fois. Je n’oublierai qu’à la troisième… Ô mon petit Hans, laisse-moi profiter de ces dernières secondes, question-