Page:Giraudoux - Ondine.djvu/247

Cette page n’a pas encore été corrigée
237
ONDINE

ONDINE

Adieu, Hans.

HANS

Et voilà ! Un jour, elles partent. Le jour où tout vous devient clair, le jour où vous voyez que vous n’avez jamais aimé qu’elles, que vous mourrez si une minute elles partaient, ce jour-là, elles partent. Le jour où vous les retrouvez, où tout est retrouvé pour toujours, ce jour-là, elles ne le manquent pas, leur nef appareille, leurs ailes s’ouvrent, leurs nageoires battent, elles vous disent adieu.


ONDINE

Je vais perdre la mémoire, Hans.

HANS

Et un vrai adieu, vous l’entendez ! Les amants qui d’habitude se disent adieu, au seuil de la mort, sont destinés à se revoir sans arrêt, à se heurter sans fin dans la vie future, à se coudoyer sans répit, à se pénétrer sans répit, puisqu’ils seront des ombres dans le même domaine. Ils se quittent pour ne plus se quitter. Mais Ondine et moi partons chacun de notre bord pour l’éternité. À bâbord le néant, à tribord l’oubli… Il ne faut pas rater cela, Ondine… Voilà le premier adieu qui se soit dit en ce bas monde.

ONDINE

Tâche de vivre… Tu oublieras aussi.