Adieu, Hans.
Et voilà ! Un jour, elles partent. Le jour où tout vous devient clair, le jour où vous voyez que vous n’avez jamais aimé qu’elles, que vous mourrez si une minute elles partaient, ce jour-là, elles partent. Le jour où vous les retrouvez, où tout est retrouvé pour toujours, ce jour-là, elles ne le manquent pas, leur nef appareille, leurs ailes s’ouvrent, leurs nageoires battent, elles vous disent adieu.
Je vais perdre la mémoire, Hans.
Et un vrai adieu, vous l’entendez ! Les amants qui d’habitude se disent adieu, au seuil de la mort, sont destinés à se revoir sans arrêt, à se heurter sans fin dans la vie future, à se coudoyer sans répit, à se pénétrer sans répit, puisqu’ils seront des ombres dans le même domaine. Ils se quittent pour ne plus se quitter. Mais Ondine et moi partons chacun de notre bord pour l’éternité. À bâbord le néant, à tribord l’oubli… Il ne faut pas rater cela, Ondine… Voilà le premier adieu qui se soit dit en ce bas monde.
Tâche de vivre… Tu oublieras aussi.