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JEAN GIRAUDOUX

n’avaient rien, disaient-ils… C’est qu’ils mouraient… Ainsi chez les hommes. Ce n’est pas ur des chênes, des crimes, des monstres, que les bûcherons, les juges, les chevaliers errants ont leur effort, mais sur une brindille d’osier, une innocence, une enfant qui aime… Il en a pour une heure…

ONDINE

J’ai cédé ma place à Bertha. Tout s’arrange pour lui.

LE ROI DES ONDINS

Crois-tu ! Tout déjà tourne en sa tête. Il a dans le cerveau la musique de ceux qui vont mourir. Cette histoire de la fille de vaisselle sur le prix des œufs et du fromage, il l’a entendue résonnante. Il n’est pas près de Bertha, on l’attend en vain à l’église ; il est près de son cheval… Son cheval lui parle : Maître chéri, adieu, lui dit son cheval, je te rejoins en Dieu !… Car son cheval aujourd’hui lui parle en vers…

ONDINE

Je ne te crois pas. Écoute ces chants ! C’est son mariage.

LE ROI DES ONDINS

Il se moque bien du mariage !… Le mariage tout entier a glissé de lui comme l’anneau d’un doigt trop maigre. Il erre dans le château. Il se parle à lui-même. Il divague. C’est la façon