Hans, ne revois pas Ondine !
Je ne vais pas revoir Ondine. Tu les entends… Je vais revoir une ondine, un être privé de vie humaine, de voix humaine, et qui ne me reconnaîtra même pas.
Hans, quand j’étais petite fille, j’ai été amoureuse d’un lynx. Il était imaginaire. Il n’était pas. Mais nous dormions ensemble. Nous avions des enfants. Or, maintenant encore, dans la ménagerie, je m’arrête en frissonnant devant la cage du lynx. Lui aussi m’a oubliée. Lui aussi a oublié que je le capuchonnais de pourpre, qu’il m’a sauvée des nains géants, que nos jumelles Genièvre et Berthelinge ont épousé le roi d’Asie. Il est là, dans son poil, sa barbe, son odeur. Mais mon cœur bat. Mais je me sentirais en faute si j’allais le voir en ce jour de noces…
Les juges, Seigneur.
Un moment, Bertha, et nous serons en paix.