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ONDINE

que hutte abandonnée de bûcheron, d’y entrer en courbant la tête, d’y trouver, avec l’odeur de meubles moisis, quelque charbon mal éteint où rôtir une grive et allumer ta pipe… Et je te vois dans les palais dits d’enchanteurs… Je suis sûre que tu t’attardais à ouvrir les placards, à dépendre les robes, à te coiffer de vieux casques… Tu croyais chercher les esprits. Tu n’as jamais suivi que la piste humaine…

HANS

Je l’ai mal suivie.

BERTHA

Tu l’as perdue, mais tu l’as retrouvée. Cette nuit d’hiver où tu m’as dit que tu m’aimais encore et où j’ai fui, tu l’as retrouvée, au revers du vieux burg, quand tu as vu mes deux pas dans la neige. Ils étaient larges, profonds ; ils avaient marqué toute ma fatigue, ma détresse, mon amour. Ce n’était pas ces empreintes à peine visibles d’Ondine, que tes chiens eux-mêmes ne voient pas et qui restent des sillages sur la terre ferme. C’était celles d’une femme enceinte de la vie humaine, enceinte de ton futur fils, celles de ta femme ! Il n’y a pas eu d’empreintes de retour. Tu m’as rapportée dans tes bras.

HANS

Oui, comme Bertram a dû, elle, l’emporter… Que veux-tu, toi ?