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JEAN GIRAUDOUX

volontés, il aura peur, tu seras perdue. Crois-moi. Va-t’en, sauve-le !

ONDINE

Ô reine, c’est que je ne le sauverai pas en partant. Si je reviens chez les ondins, ils s’empresseront autour de moi attirés par le goût humain. Mon oncle voudra que j’épouse l’un d’eux. Je refuserai. De colère il tuera Hans… Non ! C’est sur la terre que je dois sauver Hans. C’est sur la terre que je dois trouver le moyen de cacher à mon oncle qu’il me trompe, si un jour il ne m’aime plus. Mais il m’aime encore, n’est-ce pas ?

YSEULT

Sans aucun doute. De toutes ses forces !

ONDINE

Alors pourquoi chercher, reine ? Nous l’avons, le remède ! J’en ai eu l’idée tout à l’heure, pendant la dispute. Chaque fois que je voulais détourner Hans de Bertha, je n’arrivais qu’a le lancer vers elle. Des que je disais du mal de Bertha, il prenait son parti… Je vais agir tout au contraire ! Vingt fois par jour je lui dirai qu’elle est belle, qu’elle a raison. Alors elle lui sera indifférente, elle aura tort. Chaque jour je m’arrangerai pour qu’il la rencontre, pour qu’elle soit le plus éclatante possible, au soleil, en robe de cour. Alors il ne verra que moi. J’ai