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ONDINE

que je méprisais Hans. C’était me mépriser moi-même ! J’ai dit oui.

YSEULT

Ils oublieront. Ils changeront d’avis.

ONDINE

Oh ! ne croyez pas cela. C’est tout petit dans l’univers, le milieu où l’on oublie, où l’on change d’avis, où l’on pardonne, l’humanité, vous dites… Chez nous, c’est comme chez le fauve, comme chez les feuilles du frêne, comme chez les chenilles, il n’y a ni renoncement ni pardon.

YSEULT

Mais quelle prise ont-ils sur lui ?

ONDINE

Tout ce qui est l’onde, l’eau, maintenant surveille Hans. S’il approche d’un puits, soudain le niveau monte. Si la pluie tombe, elle tombe sur lui deux fois plus dense. Il est furieux. Vous verrez, quand il passe près des jets d’eau du jardin, ils s’élèvent de courroux jusqu’au ciel.

YSEULT

Veux-tu mes conseils, chère petite Ondine ?

ONDINE

Oui, je suis une ondine.

YSEULT

Tu peux m’écouter, tu as quinze ans.