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JEAN GIRAUDOUX

BERTHA

Non. Son cœur bat. À côté du mien, j’ai besoin en cette minute de ce petit cœur.

LE CHEVALIER

Quel est votre secret ? Avouez-le !

BERTHA, lui montrant l’oiseau mort

Voilà… Vous l’avez tué.

LE CHEVALIER

Pardon, Bertha !

Il a mis un genou à terre, Bertha le regarde un moment.
BERTHA

Mon secret, Hans ? Mon secret et ma faute ?

Je pensais que vous l’aviez compris. C’est que j’ai cru à la gloire. Pas à la mienne. À celle de l’homme que j’aimais, que j’avais choisi depuis l’enfance, que j’ai attiré un soir sous le chêne où petite fille j’avais gravé son nom… Le nom aussi grandissait chaque année… J’ai cru qu’une femme n’était pas le guide qui vous mène au repas, au repos, au sommeil, mais le page qui rabat sur le vrai chasseur tout ce que le monde contient d’indomptable et d’insaisissabie. Je me sentais de force à rabattre sur vous la licorne, le dragon, et jusqu’à la mort. Je suis brune. J’ai cru que dans cette forêt mon fiancé serait dans ma lumière, que dans chaque ombre