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notre vie courante. Il y a tes tendresses, tes silences. Si tu aimes la guerre, il l’aimera… Aimes-tu la guerre ?

Hector.

Pourquoi cette question ?

Andromaque.

Avoue que certains jours tu l’aimes.

Hector.

Si l’on aime ce qui vous délivre de l’espoir, du bonheur, des êtres les plus chers…

Andromaque.

Tu ne crois pas si bien dire… On l’aime.

Hector.

Si l’on se laisse séduire par cette délégation que les dieux vous donnent à l’instant du combat…

Andromaque.

Ah ? Tu te sens un dieu, à l’instant du combat ?

Hector.

Très souvent moins qu’un homme… Mais parfois, à certains matins, on se relève du sol allégé, étonné, mué. Le corps, les armes ont un autre poids, sont d’un autre alliage. On est invulnérable. Une tendresse vous enva-