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Hector.

Et c’est Troie et c’est la Grèce qu’il a choisies cette fois ?

Ulysse.

Ce matin j’en doutais encore. J’ai posé le pied sur votre estacade, et j’en suis sûr.

Hector.

Vous vous êtes senti sur un sol ennemi ?

Ulysse.

Pourquoi toujours revenir à ce mot ennemi ! Faut-il vous le redire ? Ce ne sont pas les ennemis naturels qui se battent. Il est des peuples que tout désigne pour une guerre, leur peau, leur langue et leur odeur, ils se jalousent, ils se haïssent, ils ne peuvent pas se sentir… Ceux-là ne se battent jamais. Ceux qui se battent, ce sont ceux que le sort a lustrés et préparés pour une même guerre : ce sont les adversaires.

Hector.

Et nous sommes prêts pour la guerre grecque ?

Ulysse.

À un point incroyable. Comme la nature munit les insectes dont