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rée, impossible de tenir les poètes. La rime, c’est encore le meilleur tambour.

Demokos.

Et le plus utile, Hécube, tu ne crois pas si bien dire. Je la connais la guerre. Tant qu’elle n’est pas là, tant que les portes sont fermées, libre à chacun de l’insulter et de la honnir. Elle dédaigne les affronts du temps de paix. Mais, dès qu’elle est présente, son orgueil est à vif, on ne gagne sa faveur, on ne la gagne, que si on la complimente et la caresse. C’est alors la mission de ceux qui savent parler et écrire, de louer la guerre, de l’aduler à chaque heure du jour, de la flatter sans arrêt aux places claires ou équivoques de son énorme corps, sinon on se l’aliène. Voyez les officiers : Braves devant l’ennemi, lâches devant la guerre, c’est la devise des vrais généraux.

Pâris.

Et tu as même déjà une idée pour ton chant ?