Page:Giraudoux - La Première Disparition de Jérôme Bardini.djvu/92

Cette page a été validée par deux contributeurs.

du grand cormier, la dalle de marbre blanc, entourée à distance de sa chaîne, étincelait sans contraste. Pas un morceau de nuit, pas une poussière même, tant l’air était pur, entre cette dalle et la lune. Bardini se rappelait le jour où elle avait été placée, dans une cérémonie qui ressemblait moins à un enterrement qu’à la pose d’une première pierre. Tout l’édifice ce soir était construit. Bardini admira ses murailles lumineuses, son plafond infini. Autour de cette tombe, plus aucun changement à apporter au monde. Jamais Bardini ne l’avait trouvé à ce point fini, à ce point terminé. Plus rien à changer au cri de la chouette, à ce mutisme des bois que nul vent n’atteignait. L’évolution mourait aux pieds froids de Bella. Le langage de la nuit, le contour des collines était à leur sommet classique. Les groupes de bouleaux, les bosquets de hêtres, les