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se prendre dans ses cercles, ses vols d’enfance, Bardini coupa par le fourré, s’égara, aperçut enfin à travers les branches le ciel où était montée la lune. Il se hâtait, comme le forçat qui traverse les dernières lianes vers le soleil aveuglant… Soudain, sur la lisière même, il hésita… Le sort le mettait en face du tombeau de Bella… Voilà qu’il fallait prendre aussi congé des morts…

La lune était à son plein… Cet astre qui semble si souvent en France écorné, aminci par l’avarice et l’esprit économe, jamais Bardini ne l’avait vu, non seulement aussi rond, mais aussi bombé. La lune semblait vraiment pleine, sur le point de donner à la nuit la nouvelle jeune lune… Jamais aussi lumineuse… Tout le parc s’amusait à jouer, à dix heures du soir, le jeu de l’ombre et de l’éclat… Seule, au centre du tertre flanqué sur sa droite