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forêts de Champagne et ce n’était pas à Robinson Crusoé qu’il entendait jouer. Les étoiles étaient nées. Elles scintillaient. On était obligé de constater, à leur fraîcheur, la jeunesse du monde. Il se sentait, avec sa liberté, devant ce firmament, aussi ridicule qu’un musicien devant la mer avec son violon. Il connaissait mal le ciel d’ailleurs ; outre l’infini, c’était aussi l’inconnu qu’il voyait là ; aucune de ces étoiles ne pouvait lui être un guide, et l’ombre, et la solitude, et la liberté suprême, ne purent que le ramener dans le chemin le plus connu de lui, dans l’ornière de sa vie. Il pénétra dans Fontranges par les barrières blanches, poussant à un galop nocturne les poulinières effrayées, que leurs poulains endormis ne suivaient pas ; et une fois dans l’enclos, le hasard apporta sur sa route une série d’objets, de paysages, d’êtres aussi dont un Bar-