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l’une sur le mollet, encore sanglant. Bardini était vexé de cette ironie du sort qui lui offrait, au soir de sa liberté, les suprêmes moyens d’évasion. Il y en avait d’autres, s’il en croyait Indiana. Le gamin, qui était déluré, lui avait appris à manger les joues des truites, à fumer des barbes de maïs. C’était délicieux, et pas plus dangereux que le reste. Il la conduisait parfois à la promenade. Elle goûtait à toutes les gommes, elle les suçait — infiniment meilleur ! — à l’arbre même. La belladone ne méritait pas sa réputation, elle en avait mangé et aucun résultat. Les fausses oronges l’intéressaient davantage. Un jour elle en avait rapporté sa pleine robe, prétendant qu’elle s’y connaissait. La fermière les avait jetées. Sa morphine ? — Non, le gamin seulement, et aussi un peu le chien, qui, lui, ne la supportait pas, qui était aussitôt malade… Indiana