Page:Giraudoux - La Première Disparition de Jérôme Bardini.djvu/49

Cette page a été validée par deux contributeurs.

fant. Mais chaque phrase de Renée semblait supposer pour la vie entière de cet enfant la présence continuelle de Bardini. Elle le liait à sa future vaccination, à sa communion, à son mariage, comme si Bardini était son frère siamois. Lui, hypocrite, affecta une douleur au cœur, se plaignit. Renée, sentant confusément elle ne savait quelle menace autour d’eux, tentait d’en repousser l’occasion le plus loin possible, en parlant de leurs projets, du voyage de la Pentecôte à Nice, de la Bugatti qu’on devait acheter à Pâques. Était-elle commandée ? Elle eut peur quand elle apprit que non. Ah ! qu’elle eût été soulagée de voir Bardini tirer de sa poche les billets pour Nice. Et son veston de printemps ? Pourquoi n’avoir pas écrit déjà au tailleur ? Avait-il écrit ? Non. Elle se recoucha, désolée. Elle avait l’impression qu’un incendie éclatait