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désespoir, lui donna de l’amour pour cette créature étendue qui était encore tout bonheur, et il lui obéit, il vint s’asseoir près d’elle.

Sur cette margelle d’une vérité qui n’était plus la sienne, au-dessus d’une nudité dont le charme ne l’atteignait plus qu’indirectement, par la vision qu’il avait de sa future femme ainsi étendue (et, car il ne imitait plus le nombre de ses futures existences, de sa future femme ainsi étendue le jour de sa seconde disparition), Bardini regardait Renée. La plus noble raison qu’il avait de partir n’était-ce pas de la laisser ainsi belle, ainsi jeune ? L’âme de Renée était intacte, son corps l’était plus encore, le mariage semblait avoir seulement changé sa virginité de jeune fille en virginité d’épouse. Les élans, les sacrifices, le don de sa dot dans les malheurs qu’il avait eus, le don d’elle-