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laises. Il avait adoré autrefois cette inversion de la beauté chez Renée, seule femme dont l’amour vieillissait le visage, puis s’en était lassé. Il s’était lassé de ce visage toujours si beau le jour des grosses erreurs de caisse, du croup de l’enfant. Quelle beauté n’allait pas le prendre cet après-midi ! Tout l’été pour Renée allait être malaise, croup, nostalgie : pas de laideur possible d’ici l’automne ! Les deux grands yeux ne le quittaient pas, s’étonnant du menton déjà si bien rasé, des cheveux coupés courts et frais, trouvant un air de fiancé à Bardini. Elle se sentait belle. Elle savait que Bardini n’aimait pas ces réveils triomphants de sa beauté. Elle essayait d’en atténuer l’éclat par des pensées de malheur.

— Il me trompe sûrement, se forçait-elle à penser. Il m’aime moins. Il doit s’occuper de son fils quand je dors, et le