Page:Giraudoux - La Première Disparition de Jérôme Bardini.djvu/27

Cette page a été validée par deux contributeurs.

c’était encore ce qu’elle contenait de plus neuf par ordre chronologique, c’était l’enfant. Il le verrait tout à l’heure.

Il passa dans le cabinet de toilette, prit sa douche. Nu, il eut un sentiment de bonheur qui justifiait, lui sembla-t-il, sa conduite. Cette simple chemise de nuit, il s’en défit avec dégoût, il fut plus soulagé de l’avoir rejetée que de déposer, après un long combat, son armure. Fini le combat contre l’obscurité sue par cœur, les ténèbres hantées d’habitudes. Ah ! certes non, il n’emporterait aucun objet, aucun souvenir, aucun linge. Ainsi nu, il sentait déjà diminuer cette colonne d’airain qui pesait depuis des mois sur ses épaules. Sa chemise à terre, il jouit de cette naissance adulte. Il se frotta d’un savon acheté au hasard pour enlever de lui tout contact avec la veille, avec cette fougère dont Renée avait parfumé pour toujours,