Page:Giraudoux - La Première Disparition de Jérôme Bardini.djvu/100

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Entrez, dit Renée.

Elle était assise devant son bureau, en peignoir ; elle écrivait, La lettre par laquelle Bardini lui avait annoncé son départ éternel traînait sur la table. Renée avait tourné la tête. Elle regardait Bardini d’un regard dur, qu’il ne lui connaissait pas. Cette femme qui n’avait jamais été que tendresse, douceur, modestie, le dévisageait avec haine, et surtout, ce qui fut plus sensible encore à Jérôme, avec un mépris ironique pour sa défroque de forçat, — ne songeant même pas à cacher à cet être dont elle ne reconnaissait plus l’existence, elle qu’il n’avait pu voir nue que par ruse, ses jambes et sa gorge. Bardini était terriblement vexé de retrouver dans cette chambre, au lieu d’une victime de la fatalité, des grandes entreprises humaines, la victime d’une plaisanterie intolérable. Il la trouvait in-