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g/i ÉCOLE DES INDIFFÉRENTS

voir s'allumer la lampe aux fenêtres d'un chcilet pauvre.

Mais Marie-Louise ne souffre point qu'on la croie triste.

— Maman est aux provisions, dit-elle, et je prévois que nous aurons ce soir un canard rôti. (( Canard » est le seul mot qu'elle ait pu retenir et je crois qu'elle cède un peu au plai- sir de le prononcer. Quand j'ai le temps d'aller au marché, le dimanche, nous man- geons enfin du poulet. Aussi sa dernière ambition est d'aller au Canada, quelque jour, à Québec ou à Montréal, là enfin où les ser- gents de ville la comprendront. J'ai dû lui acheter toutes les cartes postales de là-bas. Voyez. Voici Québec.

Je ne connais qu'Ottawa, dont les palais gothiques, gardés par les grenadiers jaunes, se dressent, sans reflets ou sans ombre, au- dessus des rivières gelées.

— C'est un lac ? Québec est sur un lac ?

— Ce n'est pas un lac, explique Marie- Louise, mais le Saint-Laurent. C'est d'ailleurs la mer qu'il faudrait à Québec; peut-être y

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