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DON MANUEL LE PARESSEUX QI

pleurent, essuient leur lorgnon et se croient consolés.

Comment attendre le soir ? Il est deux heures à peine. Voici les petites filles qui retournent à l'école, en jersey rouge, en pa- tins à roulettes, contournant au galop les écureuils gris qui bombent le dos, la queue entre les pattes de devant, se faisant signe pour escorter un étranger effaré qu'elles ont reconnu à sa valise à courroies, descendant et remontant après lui les trottoirs. Seule, sor- tant du chalet voisin, une fillette va au pas, sans cartable, sûre de savoir ses leçons. Mais sa gouvernante, que la vie a meurtrie et qui n'a plus confiance, la rappelle, l'oblige à prendre un parapluie, un châle, deux gros livres. L'enfant plisse la bouche, dépitée. Moue délicieuse, écume du sourire.

Et c'est le tour maintenant des jeunes filles qui vont à l'université Radcliffe. Deux ou trois arrivent en automobile, un ourson de peluche sur le siège ou sur le capot. Elles tirent sur le volant, elles éperonnent, il ne leur manque que la cravache. Celles qui vont à pied pas- sent toujours de l'autre côté de la route. Un

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