Page:Giraudoux - L’École des indifférents.djvu/87

Cette page n’a pas encore été corrigée

DON MANUEL LE PARESSEUX 83

même. La nuit, par dessus le marché, elle ronflait. Comme elle doit être posée et sa- tisfaite dons son cercueil, où elle n'a plus à respirer.

L'été passa assez vite, grâce à Nenetza Beengi, ma petite voisine de chalet. Elle découvrit que Miss Draper comprenait la nature entière à contre sens : et, en fait, quand une grenouille coassait, le soir, mon institutrice nous recommandait d'écouter comment le rossignal appelle ses petits; quand un pic vert criait, elle nous annonçait le tramway. ^Te crois aussi qu'elle confondait les couleurs. Nous jouions à nous tromper comme elle, mais Nenetza avait des mélan- colies tapageuses pendant lesquelles elle lan- çait des pierres pointues dans les citrouilles, et désirait mourir.

Un jour, elle y tint absolument. Je com- posai avec des poireaux un breuvage empoi- sonné. Etendue au pied d'un saule, elle m'encourageait et me faisait ajouter du sel.

— Quand tout sera prêt, disait-elle, je vous embrasserai. Vous avez les joues comme des pêches. Cela ne sera pas désagréable.

�� �