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JACQUES L EGOÏSTE 00

Je m'offre à suivre la vojture au trot, la malle sur mes épaules. Mais son vi- sage se compose si gravement que je me tais.

— Parlez -moi franchement, demande- l-elle. Regardez-moi.

Je me prépare à la regarder avec étonne- ment. Je feins de ne l'avoir jamais vue, de découvrir un à un ses yeux, ses oreilles. Cet ourlé à ses lèvres, c'est de l'ouvrage neuf.»^ De la main, elle m'arrête.

— Suis-je plus pâle qu'autrefois .*^

Elle a été très pâle tout l'après-midi. Main- tenant elle a le sang aux pommettes. Parlons franchement :

— Non, vous êtes plus rouge. Vos joues sont en feu.

— C'est bien cela; plus rouge ou plus pâle. Partons.

Le soleil n'est pas couché. Mais il n'est plus qu'un clou doré auquel est suspendue une hirondelle. L'automobile, au long des quais, soulève l'ombre des platanes, en secoue les ta- ches de jour, les rejette. Un cheval bâille, un enfant pleure. Qu'ont donc aujourd'hui tous

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