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iMi KCOLE DES INDIFFERENTS

une ombre en hauteur dans le ciel. Le soleil interdit à mes yeux tout l'Occident, mais on peut regarder, vers l'Est, le petit croissant de lune en toute sécurité, sans craindre que le regard ne pose ensuite, sur tout objet, des croissants. Je vois cependant un peu plus d'ar- gent sur les prunelles de mon amie, un peu plus de nacre à ses mains.

Elle se tait. Le temps auprès d'elle est comme l'eau de ces sources qui se cristallise à la lumière. La minute qui vient de s'écouler est déjà un souvenir. Elle s'ordonne, dans le passé, parmi les minutes qui apportèrent les mêmes émotions, déjà très éloignée, déjà re- grettée. Vous souvenez-vous, ai-je envie de lui dire, tout-à-l'heure, quand vous parliez, vous avez fermé les yeux. Us ne sont point encore ouverts. Et le thé, quand il vous a surprise. Vous souvenez-voiis? Il était encore bouillant. Et le prince-fiancé, quand il vous vit, dans le miroir démoniaque, découvrir lentement vo- tre gorge, vous étendre mollement sur le sofa indou.*^

— Le train part a cinq heures, dit-elle enfin. Tl est tard... 11 est temps.

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