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3ll ÉCOLB DES INDIFFÉRBNTS

Dédaigneux, il se leva.

— Au revoir, tu n'as rien à ajouter?

— A ajouter...? J'ai à ajouter le principal. J'ai à t'expliquer ton existence. La paresse te tient et ne te lâchera plus. Tu n'as jamais rien appris, et tu n'apprendras jamais rien. Tu sais juste assez de latin pour te moquer de ceux qui le citent. Tu sais juste assez de français pour appuyer sur les imparfaits du subjonctif avec une douce ironie. Comme tu n'es pas assez riche pour ne rien faire, ta paresse est de la lâcheté. Elle te gagnera des femmes; pour les camarades, c'est fini. Je te laisse les femmes et leur attirail. Va-t-en! Tu reviendras quand tu sauras travailler...

Depuis un moment, je sentais qu'il n'avait qu'un mot à me répondre pour parer tous mes reproches. Que signifiait chez moi cet accès de rigorisme, alors que je méritais jus- tement, à un moindre degré, les mêmes re- proches. Je suis paresseux. Je mens aussi, sans y être obligé. Tant pis pour moi si je déteste paresse et mensonge chez les autres. Et j'ai en tout cas un défaut qu'il n'a point : je prends plaisir à l'humilier. Il y a un mot

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