— Édith, est-ce encore la vie, là où vous êtes !
Elle prend ma main et l’appuie contre sa poitrine. Son cœur est toujours là. Mais il ne bat pas à coups secs et meurtriers, comme noire cœur, bélier perfide qui sape, de l’intérieur même, la forteresse. Le cœur d’Édith flambe. Point de veines, point d’artères. Une chaleur égale gagne son corps. Sa chair es ! une comme la chair des fruits.
— Et vos mains, Édith ? On m’a conté que les doigts des morts sont soudés et que leurs jambes ne sont plus séparées.
Elle sourit, croise mes doigts dans ses doigts effilés et distincts, mais elle ne bouge pas.
— Tout est-il différent, là où vous demeurez, Édith ?
Les morts, pour répondre, ferment les yeux.
— Tout est semblable. Hors que nous commandons souverainement sur toutes les choses qui chez vous sont méfiantes. Les oiseaux, les taches de soleil se laissent attraper. Notre ombre ne tourne pas autour de nous comme un compas qui mesure la vie.