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2IO ECOLE DES INDIFFERENTS

rer de gagner jamais la corniche; où il étrei- gnait les arbres dans la forêt pour savoir leur grosseur, pour savoir son envergure; où le moindre étang rejoignait l'océan et laissait miroiter tous les trésors, armures et statues en- gloutis dans les naufrages. Il n'était plus rê- veur. Il n'était plus douillet. Les défauts et les qualités n'avaient sur lui aucune prise, et dans ses rêves même la désolation et le mystère rarement passaient. Il ne voyait plus pour la sauver de cet engourdissement, que la mu- sique. Il pleurait, autrefois, par une nuit sem- blable, quand le moindre violon jouait, quand le vent du soir attisait l'étoile polaire. Il fallait qu'il pleurât cette semaine. Demain, dès son arrivée à Paris, il irait au concert, il écouterait surtout le hautbois, le violoncelle, tous les instruments dont la voix est à notre hauteur et qui n'ont pas plus de gammes que nous n'avons de peines. La main sur les yeux, il entendrait sa voisine respirer, et soudain, blâmant les harpes, le cor anglais éclatera... Il ferma la fenêtre. 11 avait oublié que dans le pin le plus proche, des rossignols nichaient. Il ne s'apercevait plus que les oiseaux chantent.

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