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LE FAIBLE BERNARD 2o5

Accompagne-moi jusqu'à la maison. Je finis ma malle. Ne me lâche pas une minute. Pourquoi ma mère n'est-elle pas ici?

— C'est une sainte.

Il prit son chapeau, le neuf.

— Tu partiras demain matin, à sept heu- res. J'avais un permis de première pour Pa- ris. Le voici. Promets-moi de ne pas man- quer le train.

— Il fait si beau ici! Tout est calme...

— Tu partiras. Voici vingt francs.

C'est ainsi qu'un faux malade se laisse avec remords soigner par un vieux médecin que toute la ville sait perdu. Ils allèrent prévenir l'omnibus. L'oncle Golaud com- manda une place d'intérieur : on s'échappe si facilement d'une impériale. Il tint toute la journée son neveu par le bras. Il lui fit cadeau d'une boîte en peau d'onagre avec un grelot grigri qu'il suffisait de faire sonner pour écarter les souvenirs d'amour- Il montra comment l'agitait Mama Batyli, et comment Eve Kirchmann, sa maîtresse de Singapour, l'avait percé d'un trou pour l'envoûter.

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