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LE FAIBLE BERNARD I7I

Il était fier de sa conclusion. On pensait à toute la fatalité.

— Mon pauvre Bernard, essayez, du moins. 11 \ avait encore dans le jardin quelques

erreurs d'éclanage. Les taches de soleil mala- droitement projetées à travers les arbres ne recouvraient pas exactement les massifs. Mais quelle harmonie, quel timbre délicieux avaient ce soir l'air et le zéphir! Les fils de la Vierge pendaient tout droits. C'était peut-être eux, comme les fils suspendus dans les halls du Conservatoire, qui donnaient au ciel cette acoustique divine. Bernard, pour essayer sa voix, voulut appeler une gamine qui vendait du mimosa.

— Laissez, dit Dolorès, cela sent la phar- macie, .le n'aime pas les fleurs en pilule.

Il se tut. Les bouquets coûtaient d'ailleurs un franc. Mais aussi ce simple mot l'avait humdié et déconcerté. Toute réponse heu- reuse — et il jugeait heureuse la phrase de Dolorès — lui semblait volée, à lui volée, (tétait justement, il s'en rendait compte après coup, la seule qu'il aurait pu imaginer. Que dire maintenant du mimosa .►> Talleyrand

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