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DON 'MANUEL LE PARESSEUX l33

cœurs qui sont là, par le regard dur et sans contrainte qu'elles dirigent sur la glace en mettant leurs épingles à chapeau. Je saurai que toutes sont maudites, puisque chacune porte en son cœur de quoi nous les faire dési- rer toutes, et n'est que le prétexte de sa propre ruine. Je saurai qu'elles vieilliront, et qu'il y a déjà, au creux de leur main, assez de rides pour craqueler le corps le plus somptueux. C'est vers tout cela que je vais, c'est vers ce qu'on appelle le bonheur, et je ne me hâte point.

Mais ce qui m'appelle et me retient par mes gants :

C'est Renée-Amélie, tout essouflée, dont la robe se froisse et se défroisse, dont les yeux se ferment et s'entreferment.

— Cousin, peut-elle dire, oij allez- vous .»^

— Je rentre à Boston.

— N'y allez pas. Je veux vous garder tout ce soir.

— On m'attend-

— Restez !

Elle a juste assez de poudre de riz pour que je la voie rougir. Les coudes joints, les mains réunies sur ma main, elle penche

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