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124 ÉCOLE DES INDIFFERENTS

les cheveux d'une momie. Accoudés sur la terrasse qui avance dans l'étang, nous nous regardons encore, et nous nous sourions, par amitié. Dans deux heures, elle donnera une leçon. Dans deux heures, je serai chez Miss Gregor. Mais, par un soir pareil, ceux qui aiment et ceux qui travaillent sont bien égaux. Je n'ose, au fond de l'eau, regarder que mon visage. Je n'ose pas être aussi triste que le mérite mon amour.

Les tableaux vivants sont terminés. Les parcs s'animent. Les maisons génoises, les temples grecs, parsemés de bosquets en bos- quets, ouvrent leur unique porte ou leur fronton aux initiées. Les équipes de rameuses mettent les yoles à l'eau, s'y logent une par une, luttent côte à côte, en maillot jaune, et lâchent les avirons à l'arrivée en levant les bras. Sur un cours de tennis, deux grandes qui n'ont point encore leurs balles, feignent cependant de jouer, de rater, de couper, et rient très haut. Puis voilà qu'une freshman en jersey rouge s'affale sur la berge. Elle veut lire, mais se frotte les yeux, puis frotte son livre, s'étend sur le dos et regarde le ciel. Et

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