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étudiant. Elle le sauve de la prison, de la faim, le guérit de la passion du jeu, coud ses habits, de sorte qu’il peut devenir un grand homme. C’est alors qu’il s’éprend d’une jeune fille riche et superbe. Malgré le peu de sympathie qu’on a pour elle, on doit avouer qu’elle est vraiment riche et superbe. La modiste sent que son ami n’osera se séparer d’elle, par reconnaissance, et elle prend sur soi de rompre. Puis, devinant que si elle continuait à vivre, il aurait du remords de la savoir abandonnée, elle va se jeter dans la Seine, non sans avoir donné les clefs au concierge, pour que l’ami n’attende point sur le palier en rentrant de dîner chez son beau-père.

— Pourquoi rougissez-vous ? demande Mrs. Barnett.

Il ne sait. On rougit ainsi, affirme-t-il, dans sa famille. Je vois d’ici son régiment de sœurs, quand on parle d’un prétendant.

Le chaperon veut bien l’excuser :

— C’est une manie, explique-t-elle. Il est bon d’avoir des manies. M. Barnett en avait deux : il ne pouvait supporter les gens qui vont dehors tête nue, et ceux qui écri-