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ELPÉNOR

sur le rivage l’empreinte d’un pied gigantesque. Anxieux aussi de peser le moins possible sur un monde peut-être immatériel, il avançait d’un pas sans trace, tâtant le terrain de son bâton comme s’il l’eût pensé un décor creux, et il fermait les yeux au moindre rayonnement, par crainte qu’une fulguration subite n’absorbât le faible flambeau de son âme.

— Ô Pallas ! pensait-il. Fasse que je foule une terre et non une œuvre de Zeus ! Fasse surtout que le géant qui habite cette île ne soit point, par un jeu de l’Olympe, ma propre Idée. Je viens de voir qu’il ajuste ses bandelettes en méprisant l’orteil, ainsi que seul j’en ai la coutume ! J’en frémis. Quel prestige aurait désormais aux yeux de ses mate-