quatre. Je lui passe la nuit pour qu’il soit Français, quand l’Angelus l’éveille, quand la lune l’éveille, quand la France endormie erre sur les chemins et les haies, et l’éveille. Je lui passe le chagrin, pour qu’il oublie la France, et la retrouve. Je lui passe l’indignation contre ses aînés, ses chefs, pour qu’il devienne un aîné, un chef. Je lui lègue le Lundi matin, d’où le Français embrasse la tâche de la semaine, flâne une heure, voit soudain la couleur de son velours, le motif de sa symphonie, le plan de sa cathédrale, l’écart de son sillon, et fonce. Je lui lègue ce sarcophage debout, dans le Cher, à la Celle-Bruère, dans lequel enfant, je me cachais debout, et qui marque toujours le centre de la France, par un miracle, qu’elle soit ou non mutilée. Je lui lègue le Jeudi soir, où
Page:Giraudoux - Armistice à Bordeaux.djvu/44
Cette page a été validée par deux contributeurs.
JEAN GIRAUDOUX
38