Et en multipliant cette défaite nationale pour toutes nos défaites particulières, par nos mensonges d’un jour, nos égoïsmes d’un mois, nos désespoirs d’une seconde, nous touchions en effet au but… Mais Dieu seul a le droit de rendre par l’absurde leurs vertus et leurs sens aux nations et aux hommes. Et c’est ce que je te propose dès ce jour d’armistice, dans cet armistice d’été où tu peux leur offrir au lieu de chrysanthèmes, l’herbe fraîche et les cerises, de voir dans les milliers d’entre nous qu’a tués cette guerre, dans les dizaines qui vont mourir, car il y a encore dix minutes, — et ils ne protesteront pas, car eux seuls ne s’avouent pas des vaincus, — les vainqueurs du seul combat qui finalement comptera, celui que nous nous sommes livré à nous-mêmes.
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ARMISTICE À BORDEAUX
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