victoires. Faire de notre patrie et de nos villes, des vierges, c’est leur enlever leur honneur, notre honneur n’est pas de laurier ni de sycomore, il est d’avoir été roulés, châtiés, étrillés, ou pour nos vices ou pour nos vertus, mais de n’avoir jamais confondu, même quand il était pour nous, le jugement des sabres avec le jugement dernier. Et il est vrai que tout s’est passé comme si nos chefs, voyant dans la défaite le sauvetage, avec leur adresse et leur sûreté de grands, l’avaient annoncée, préparée, rendue présente. On ne peut expliquer que par là cette faculté, cette confiance : ils voulaient que la France redevint une, grave, efficace, pour elle et pour le monde, ils refusaient les usines de tanks, ils refusaient de payer l’Amérique, d’appeler le Rhin, le Rhin, ils voulaient la défaite…
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JEAN GIRAUDOUX
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