une espèce d’honneur à la guerre dans laquelle la France n’est pas partie. Désormais la vigie française dans ses hunes veillera pour son propre compte ; la sentinelle française, au pont ou à la poudrière, si elle regarde devant soi ce sera uniquement pour n’avoir pas à regarder derrière. Derrière, des femmes filles de vainqueurs pleurent, des enfants petits-fils de vainqueurs questionnent sur ces uniformes verts dans des camions, des camelots crient le dernier journal, le dernier d’un âge, la dernière heure… Autant regarder devant soi, dans le vide, et sans voir. La vue est alors pleinement satisfaite. Alors on voit exactement ce que tout Français en ce moment veut voir. Et si la nuit vient c’est plus parfait encore !… Que tout ce qui a été l’œil, l’oreille, le toucher de
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JEAN GIRAUDOUX
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