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de seconde ; si tu n’es pas celui que je laisse chaque soir s’endormir dix minutes avant moi, d’un sommeil volé au plus vif de ma vie, afin qu’au moment même où il pénètre dans les rêves je sente son corps bien chaud et vivant, qui que tu sois, je ne t’ouvrirai point ! Qui es-tu ?

JUPITER. — Il faut bien me résigner à le dire. Je suis ton époux.

ALCMÈNE. — Comment, c’est toi, Amphitryon ! Et tu n’as pas réfléchi, en revenant ainsi, combien ta conduite était imprudente ?

JUPITER. — Personne au camp ne la soupçonne.

ALCMÈNE. — Il s’agit bien du camp ! Ne sais-tu pas à quoi un mari s’expose quand il apparaît à l’improviste, après avoir annoncé son voyage ?

JUPITER. — Ne plaisante pas.

ALCMÈNE. — Tu ne sais pas que c’est