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auprès de toi, tu es mon étrangère, et tout à l’heure, dans la bataille, je te sentirai mon épouse. Attends-moi donc sans crainte. Je serai bientôt revenu, et ce sera pour toujours. Une guerre est toujours la dernière des guerres. Celle-ci est une guerre entre voisins ; elle sera brève. Nous vivrons heureux dans notre palais, et quand l’extrême vieillesse sera là, j’obtiendrai d’un dieu, pour la prolonger, qu’il nous change en arbres, comme Philémon et Baucis.

ALCMÈNE. — Cela t’amusera de changer de feuilles chaque année ?

AMPHITRYON. — Nous choisirons des feuillages toujours verts, le laurier me va bien.

ALCMÈNE. — Et nous vieillirons, et l’on nous coupera, et l’on nous brûlera ?

AMPHITRYON. — Et les cendres de nos branches et de nos écorces se mêleront !