guerre de l’Indépendance pour mes remarques. Devant la
tribune des invités, debout, je n’osais grimper sur l’estrade
solitaire apportée pour moi de la bibliothèque, un escabeau
masqué de lilas, dont la bibliothécaire changeait les fleurs,
sans doute, selon le livre qu’on voulait atteindre. Je ne
remarquais pas que parents, cousines et sœurs étaient au
garde à vous ; seul je remuais,
avançant, reculant ; on ne m’en
voulut pas ; le journal de l’école
écrivit le lendemain que je bougeais
comme un drapeau.
La manœuvre commençait. La compagnie des signaleurs nous prévint qu’une guerre était déclarée. Aussitôt les quatre lignes de la compagnie Mills, ouvertes à larges espaces, s’emboîtèrent dans les quatre lignes Size et tournèrent en sens inverse. La T. S. F. nous indiqua l’arrivée des uhlans. Aussitôt, entre deux sections au repos, les six autres formèrent chacune une lettre du mot France. Puis elles défilèrent, le drapeau les précédant. Ce jour-là encore il avait une étoile de plus qu’il n’était mort d’Américains pour la France, étoile masquée de soie bleue que le porte-étendard, chaque matin, en ouvrant le journal, tremblait non sans espoir d’avoir à délivrer ; et pour la première fois le drapeau américain me fit un salut personnel, il s’inclina, et surpris, confus,