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m’apprend le secret qui fait distinguer le pin rouge, le pin blanc, le pin noir ; assemble son équipe de bûcherons qui va partir pour la France, me force à leur dénoncer en français nos plus grands arbres, le chêne, l’orme, et je sauve avec peine les hêtres, vos préférés. Dans les raccourcis nous allons, sous les ronces, dignement, en gens qui ne parlent pas la même langue, et pas un de ces gestes nobles n’est perdu, mon amie, car la forêt est pleine de lynx. Dans les clairières, il me montre les restes des feux de bois qu’il a allumés depuis son enfance, et les tisons de vingt ans noircissent encore les doigts. Attendri, il s’assied, douce amie, il rêve… et soudain quatre petits blaireaux, amie adorable, sortent effarés de terre ; de vrais petits blaireaux, mon cœur. Nous les attrapons : ils piquent, ils se débattent ; nous les caressons, mon amour.

Mais le soir est à Rogers, l’Australien. Tout est obscur, tout invisible, on ne voit qu’un point rouge, le cigare de Carnegie qui pagaye sans bruit sur le lac. Mais, à des milles, l’arbre privilégié qui annonce chaque soir la lune soudain tout entier étincelle. C’est qu’arrive une lune entière. Tout est radieux, tout éclaire. Des rochers affleurent, polis comme des os de seiche. Autour du lac le reflet des forêts, cassé et saccadé, devient une bordure égale. C’est l’heure où les Indiens donnèrent un nom à ce qui nous entoure. Les Montagnes Blanches deviennent blanches, les bouleaux jaunes jaunes, bleus ces hiboux. Chaque plan du lac semble à un niveau différent, et la lune ronge l’eau aux écluses. Nuit