Tous les regards déjà fixés sur la mort sans transition me touchent. Une seconde, sous mon projecteur, tous m’aperçoivent comme un pauvre insecte pris entre le télescope et un astre affreux. Tous les visages contractés par l’angoisse me font le sourire qui sera un jour leur dernier sourire, ou le premier après le Jugement. Le pasteur Cox continue :
— C’est au nom de cette promotion que je lui parle. Il l’a autrefois à peine connue ; nous nous le rappelions à peine. Désormais nous voulons qu’il soit l’un de nous et je prends son adresse à Paris pour qu’il reçoive dans l’avenir nos circulaires, nos lettres de mariage, de mort. Enrichir son passé est rare, il nous aide à cela. Je le prends, je le replace dans l’année la plus douce de notre vie, et celle d’où partirent nos amitiés. Hier je l’ai reçu à notre banquet annuel. Je lui ai dit — j’avais cherché dans le dictionnaire français les synonymes au mot heureux — je lui ai dit que nous étions tout cela, bienheureux, sanctifiés, ravis, d’avoir retrouvé, inconnu, un compagnon d’enfance. Banquet qui ne réunissait que des hommes de trente-trois ans, où un siège eut été vide si nous avions été apôtres ; première année où le squelette tendu dans l’homme n’a jamais soutenu un corps divin ; où manquait d’ailleurs deux de nos camarades morts dans le semestre : Elias Dorzia, perdu en Chine, dont la mort nous semble je ne sais quelle dilatation immense, Francis Norton, tué en France, et qui est devenu au contraire un point, une simple petite croix noire à l’encre. Mais nous pensions surtout à sa promotion